Servan

Date de création : 26/03/2021
Race : Humain
Réputation : Héros
Clan : Meute des Crocs Gris
Monstres tués : 145 - Aventuriers tués : 15
Féroce Casque terrifiant de maître de Puissance - Tête
Impitoyable Cuirasse de maître de Puissance - Buste
Insaisissable Lance de qualité de Puissance - Main droite
Féroce Bouclier à pointes de maître de Folie - Main gauche
Insaisissables Bottines sylvaines de maître de Folie - Pieds
Eventail de maître - Fétiche

A la ceinture :
   Impitoyable Langue démon de qualité de Puissance - Main droite
   Céleste Recueil sacré de qualité - Main gauche

Don = Adaptation

Haut-Fait [Entrer dans l'histoire]

Naine Serment avec Sesterce

Mulet

Description

Servan Tarì

Pisteur de la Meute



La file, hétéroclite, se pressait sur le quai. Un long serpentin qui se déroulait lentement.
S'il avait appris quelque chose ces derniers temps, c'était la patience et la maîtrise de soi.
Alors qu'il demeurait immobile, discipliné et de prime abord imperturbable, son esprit lui, courrait, tel un animal sauvage insaisissable chevauchant le vent.
Rester libre dans sa tête, rêver à des jours meilleurs, malgré les entraves à ses poignets. C'était sans doute cela qui lui avait permis de survivre si longtemps.
 
Une tape au niveau de l'épaule, un grondement de la foule derrière lui, le ramenèrent au temps présent. Face à lui, un homme s'agaçait et répétait sans doute la question qu'il avait déjà formulée.

    - Servan. Servan Tarì. Maistre sculpteur. 

C'est la réponse qui lui vint naturellement sur les lèvres.
Le prénom de son frère. Et le nom du fleuve qui s'écoulait près de son village lorsqu'ils étaient enfants.
Les premiers souvenirs à lui venir à l'esprit. Comme un élan de nostalgie.
Plus qu'un hommage, une signature pour ne pas renier totalement son passé au moment de changer définitivement de vie.
 
Les passeurs n'avaient pas besoin d'en savoir plus alors qu'il embarquait sur la caraque.`
De toute manière, ils s'en moquaient.
Pour eux, seul le prix de sa traversée comptait.
Pour chaque engagé, ils recevront une prime. Pour chaque artisan, un bonus.
Il faisait leurs affaires. Un point c'est tout. La ligne à hauteur de son nom s'était vue affublée de deux joyeuses petites croix.
 
Pour Servan, qu'importait la destination.
Quand il avait lu l'annonce épinglée sur les murs de l'auberge cherchant des volontaires pour explorer une terre lointaine plus à l'Ouest, il n'avait pas hésité.
Il voulait juste prendre le large. Quitter cette terre maudite… où plus rien n'avait de sens. Où rien ne le retenait.

Par précaution, une fois à bord, il remonta la capuche de son manteau. Drapant son visage dans l'ombre protectrice au moment de s'entasser avec des dizaines d'autres passagers.
En vérité, il ne voulait pas croiser leurs visages hagards, leurs yeux emplis d'espoir, ou pire, ceux qui n'attendaient plus rien… Plus encore, il voulait rester cet anonyme parmi les autres.
 
Naïf qu'il était! Comme si ces mois d'asservissement et d'esclavage ne suffisaient pas, à eux seuls, à effacer son passé, si glorieux qu'il ait pu être un jour.
Qui serait bien en peine de le reconnaître sous les traits de ce rôdeur poussiéreux?
 
Au souvenir du passé, machinalement, ses yeux se tournèrent vers ses mains, naguère si soignées. Ses phalanges, si usées, à la peau si écorchée, se serrèrent alors de rage.
Et que dire de sa main gauche aux deux doigts mutilés… L'annulaire et l'auriculaire partiellement sectionnés.
Le premier pour le marquer. La façon pour "le maître" d'apposer sa propriété sur son bétail, sans toutefois le rendre inapte au travail de la mine.
Le second pour réprimer toute nouvelle envie d'évasion après sa première tentative.
Après le doigt, viendrait le tour d'une oreille, ou du nez s'il s'ingéniait…
 
La seconde tentative, il ne l'a pas manquée!
Point de fuite cette fois, mais une révolte pour conquérir sa liberté.
 

"Plus jamais! La mort plutôt que l'asservissement.
Désormais, mon chemin sera libre, ou ne sera plus"

 


 
Dans la cohue des nouveaux arrivants, et les aléas des bousculades, ils s'étaient rencontrés par hasard.
A la vue de l'emblème d'un clan d'esclavagistes, l'orc et l'humain avaient réagi à l'unisson.
Épidermiquement. Sans se connaître. Un regard leur avait suffi pour s'allier.
 
Le hasard ? Vraiment ?
Le passé commun d'esclave, qu'ils se découvriraient par la suite, les rapprochait sans doute déjà intuitivement. Un reflexe instinctif de défiance. Un éclat frondeur au fond de l'œil.
Leur volonté farouche de briser tout ce qui pouvait ressembler à des entraves aussi.
 
"C'est là, à proximité des Entrepôts des sables, en cet instant,
qu'ont pris naissance les premiers serments, les premières inimitiés aussi…"
 


C'était plus fort que lui.
Quand il n'était pas occupé par une activité quelconque, ses mains s'affairaient presque machinalement à la sculpture. Une manière d'ouvrir son esprit, de réfléchir, ou de s'évader en fonction des situations, tout en entraînant sa dextérité.
Aussi loin qu'il s'en souvenait, il avait toujours fait ça.
Armé d'une simple lame, il savait tirer des merveilles, de bois précieux ou non, d'ivoire, ou d'ossements de diverses origines.
 
"Il y a quelque chose de suave dans le rapport à la matière:  
La sensualité des textures et des formes, le son mat de la lame écorchant les copeaux
et les senteurs propres à chaque essence."
 
A défaut de pouvoir exceller, comme jadis, dans la facture d'instruments de musique, il avait mis à profit son talent et ses connaissances dans un nouveau domaine plus approprié au climat instable de ces terres : La fabrication et la création d'armes et de pièces d'armures.
 
Le soin méticuleux, voire maniaque, qu'il apportait à chacune de ses réalisations et la personnalisation qu'il leur accordait lui assurait une clientèle exigeante triée sur le volet. Cela lui suffisait.
Il n'avait jamais aimé la production de masse. L'artisanat n'avait de sens à ses yeux que dans la rareté des créations et la maîtrise parfaite de chaque geste qu'il mettait dans l'ouvrage. Servan mettait un point d'honneur à ne fournir que du matériel créé, pensé et taillé sur mesure pour sa clientèle… Il créait des œuvres d'art, pas de la camelote bon marché, des façons à la chaîne, ou de la contrefaçon au rabais!
 
 
"Si tu veux survivre en toutes circonstance,
apprends à tirer le meilleur parti de la nourriture disponible autour de toi.
Pour ne manquer de rien, mais, surtout, surtout, pour ne pas servir toi-même de repas!"
 
Il ne regrettait pas d'avoir suivi ces conseils avisés d'une vieille grand-mère!
Il fut promu cuisinier de la bande, puis de la Meute par la suite, par la force des choses…
Les deux orcs l'auraient-ils adopté s'il n'avait su apprivoiser leurs estomacs pour commencer?
Cette pensée dessinait un sourire sur le coin de ses lèvres quand il regardait ses compagnons affamés trépigner autour du feu.
 
 
La Meute… Ils l'ont rêvée ensemble un soir de lune claire.
Par affinité, par conviction, par serments, par loyauté…
Depuis son servage, le fauve qu'il abrite au fond de ses entrailles inexorablement se réveille, consumé et nourrit par la colère et la révolte. Peut-être ses Frères et Sœurs pourront-ils l'aider à l'apprivoiser ou à continuer à le contenir, comme il s'est efforcé de le faire jusqu'alors…

 
"Adieu psaltérion, chalumeau et organon. Fini éclisses, ouïes et chevalets… 
Les âmes, chevilles et têtes ne sont plus de la même facture désormais!"
 
Aujourd'hui, son âme vibre au son de l'hallali. Son sang bout au rythme de la traque. Son cœur bat à l'idée du défi à relever. Quelle que soit sa nature. Quelle que soit la cible.
Qu'y a-t-il de plus excitant que cette course après la proie?  De plus exaltant que cette lutte qui précède la mort? De plus grisant que le sang qui lave l'outrage ou l'avanie?
 
Servan s'astreint à défendre les siens, sa conception de l'honneur ainsi qu'une certaine éthique. Ses alliés peuvent compter sur sa loyauté et son courage, ses ennemis sur sa détermination et son opiniâtreté.
Avant tout, il lutte pour sa liberté, il défend férocement ses droits, ceux des causes qui lui sont chères. Mais il ne rechigne ni à aider son prochain ni à secourir le voyageur en détresse.
 

 
"A celui qui approche avec bienveillance : Viens sans crainte,
réchauffe-toi auprès du feu, conte-moi les légendes d'autrefois, ou les histoires d'aujourd'hui,
et trinquons ensemble.
Mais à toi, qui veut me dicter ta loi, qui, dans l'ombre de ton capuchon, fomente et conspire, qui n'est ni loyal, ni honorable, ni fier, ni courageux, je dirai de passer ton chemin, ou de te préparer à subir la Marque."